Anarchie et Christianisme: L’Essai de Jacques Ellul
Le 14 février 2025, j’ai décidé d’aborder l’ouvrage « Anarchie et christianisme » du philosophe Jacques Ellul (1912-1994), qui explore la coexistence entre ces deux concepts.
Ellul, converti au protestantisme, soutient que le véritable socialisme est incarné par l’anarchisme. Il affirme que ce courant n’est pas incompatible avec les principes chrétiens et qu’il ne cherche pas à convaincre ceux qui y adhèrent déjà ou qui pourraient être tentés de s’y rallier.
L’interprétation d’Ellul de l’anarchie se distingue du désordre en tant que refus conscient des contraintes sociales, sans recourir à la violence. Selon lui, le véritable ennemi est l’omniprésence et l’influence croissante des institutions administratives.
Bien qu’il reconnaisse les obstacles pratiques à une société purement anarchiste, Ellul défend l’idée que l’on peut se battre contre ces contraintes tout en respectant le principe d’une autonomie individuelle. Il s’agit pour lui de dénoncer non seulement les abus du pouvoir, mais bien la notion de pouvoir elle-même.
Ellul pointe également certaines critiques portées par les anarchistes à l’encontre du christianisme, comme sa perte d’influence et son implication dans le maintien des structures étatiques. Cependant, il estime que ces griefs ne remettent pas en question la validité de ses arguments.
Sa réflexion repose principalement sur une analyse approfondie de l’Ancien Testament, où il identifie un certain nombre d’aspects anti-royaux ou anti-étatiques. Il soutient également que les enseignements du Nouveau Testament contiennent des préceptes qui suggèrent la séparation du spirituel et du temporel.
Ellul rappelle cependant qu’il y a une distinction fondamentale entre le royaume terrestre et le royaume céleste, comme l’illustrent les paroles de Jésus : « Mon royaume n’est pas de ce monde » et « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Cette distinction a pour conséquence que tout chrétien peut, sans entrer en conflit avec ses convictions religieuses, s’opposer pacifiquement aux abus du pouvoir civil. Toutefois, il souligne qu’un royaume terrestre légitime doit respecter les droits naturels des individus et garantir leur liberté.