Il y a dix ans, l’annonce fracassante de la construction de l’Abraj Kudai, le plus grand hôtel du monde avec ses 10.000 chambres et 70 restaurants, avait fait beaucoup de bruit. Aujourd’hui, alors que La Mecque peine à accueillir ses visiteurs en raison d’une croissance démographique exponentielle, le projet pharaonique demeure un mirage sur le terrain qui devait l’accueillir.
La nécessité est flagrante : avec 1,8 million de pèlerins lors du dernier Hajj et près de 36 millions de visiteurs annuels, la ville sainte étouffe. Les lieux publics sont parfois transformés en refuges d’urgence pour les pèlerins à cause du manque criant d’hébergement.
Cependant, le projet a connu des difficultés majeures depuis sa conception. Le géant saoudien Binladin Group, son promoteur historique, est confronté aux conséquences de la tragédie de la grue en 2015 et l’arrestation de ses dirigeants deux ans plus tard dans le cadre d’une lutte anticorruption. Le groupe peine à se relever face aux créanciers.
Alors que les efforts du royaume se concentrent désormais sur des projets futuristes tels que NEOM ou la Coupe du monde 2034, l’Abraj Kudai risque de rester un paradoxe : trop ambitieux pour être abandonné mais trop compliqué pour aboutir. De nouvelles enseignes hôtelières comme le Four Seasons se préparent à ouvrir leurs portes dans la ville sainte alors que ce projet inachevé semble symboliser les limites d’une économie encore tributaire du pétrole et des rivalités politiques internes.