La Russie, une menace existentielle pour l’Europe ?
Le 6 mars 2025, Emmanuel Macron a qualifié la Russie sous la présidence de Vladimir Poutine d’une « menace existentielle » pour l’Europe. Cette déclaration intervient alors que le conflit en Ukraine persiste et suscite des inquiétudes quant à la stabilité régionale.
Pourtant, les analystes considèrent qu’il est nécessaire de prendre du recul par rapport aux formulations dramatiques qui abondent dans les médias. De nombreux experts affirment que l’image d’une Russie agressive est souvent exagérée et que cette menace doit être examinée dans un contexte plus vaste.
François-Régis Legrier, ancien colonel et professeur de géopolitique, et Philippe Kalfayan, juriste internationaliste spécialiste des pays post-soviétiques, soulignent plusieurs points importants :
1. Contexte historique et manipulation : L’Occident a souvent exagéré la menace russe par le passé, notamment lors des guerres au Kosovo en 1999 et en Irak en 2003. Ces manipulations médiatiques ont contribué à justifier des interventions militaires controversées.
2. Éthique et double standard : L’Occident accuse souvent la Russie de manquer d’éthique dans son comportement diplomatique, mais il a lui-même fait preuve d’un double standard dans ses actions en Irak ou en Libye. Cette attitude peut expliquer le rejet croissant des pays non alignés et l’alliance émergente entre la Chine et la Russie.
3. Projets politiques internes : En France, les appels à une Europe fédérale ont parfois conduit à ignorer certains problèmes géopolitiques pour promouvoir ce projet politique. Cela peut nuancer l’interprétation de déclarations alarmistes sur la menace russe.
4. Alliances stratégiques : La Russie cherche des alliés, soit en Europe (France et Allemagne), soit vers l’Asie (Chine). Un rapprochement avec la Chine pourrait créer une alliance redoutable pour l’Europe. L’alliance sino-russe constituerait une menace sérieuse pour les équilibres mondiaux.
5. Lignes rouges de la Russie : Les actions russes en Ukraine et dans d’autres pays ex-soviétiques sont souvent perçues comme des réponses à l’expansion de l’influence occidentale. La Russie refuse notamment que l’Ukraine adhère à l’OTAN.
6. Capacités militaires : Bien que la Russie ait démontré sa capacité à mener des opérations militaires efficaces en Ukraine et en Syrie, ses capacités pour une invasion européenne sont limitées actuellement. Cependant, elle possède un arsenal nucléaire considérable qui constitue une menace significative.
7. Menace non conventionnelle : La Russie est aussi capable d’opérations de guerre hybride et de désinformation pour déstabiliser ses adversaires. Ces capacités sont prises très au sérieux par l’Europe.
Le dilemme aujourd’hui consiste à décider s’il faut chercher des voies d’apaisement face à la Russie ou maintenir une position intransigeante. La France, en particulier, devrait jouer un rôle de médiateur plutôt que de se conformer aveuglément aux politiques anglo-saxonnes.